Marseille: la lettre du poilu de 14-18 retrouve sa famille un siècle plus tard L’arrière petit-neveu d’un combattant de la Grande guerre va recevoir ce vendredi Ă
Descorrespondances enflammées de Héloïse à Abélard aux lettres à Lou d’Apollinaire, en passant par les complaintes nocturnes de Frida Kahlo, découvrez notre
Mouillé Une chaise. Les deux ont des boutons. Le silence. Les aiguilles d'une montre. Une dent. Si vous cherchez d'autres défis à relever, n'hésitez pas à consulter notre article 40 énigmes difficiles avec réponse. Si vous souhaitez lire plus d'articles semblables à Devinettes pour adultes - A double sens, drôles, difficiles, nous
cash. Martin Vaillagou est nĂ© le 28 juillet 1875 dans le Quercy. Il a Ă©pousĂ© sa femme EugĂ©nie en 1900 et il est venu vivre avec elle Ă Malakoff, près de Paris. LĂ , ils ont fondĂ© ensemble une entreprise de maçonnerie qui est devenue prospère. Deux enfants sont nĂ©s Maurice en 1904, Raymond en 1909... Martin Ă©tait admirateur de Jaurès et poète Ă ses heures. MobilisĂ© comme ses quatre frères, le soldat Vaillagou Ă©tĂ© tuĂ© avec seize autres hommes lors d'une embuscade au coeur d'un petit bois dans la rĂ©gion de Mourmelon, le 25 aoĂ»t 1915, un mois avant la mort de deux de ses frères, tuĂ©s le mĂŞme jour et au mĂŞme endroit. Maurice, son fils aĂ®nĂ© qui lui demandait de lui rapporter des balles ennemies et un casque de Prussien, a dĂ» travailler après la mort de son père dans une entreÂprise de produits chimiques. Il est mort d'une leucĂ©mie foudroyante en janvier 1918, trois ans après son père. Il avait quatorze ans. Voici pour Maurice. Je vais exaucer les voeux Ă Maurice dans la mesure du possible. D'abord pour les lignes de combat, je vais traÂcer un plan au dos de cette feuille que tu pourras suivre et expliquer Ă maman, Ă moins que maman comprenne mieux que Maurice. Pour les balles allemandes, je pourÂrai le faire. J'en apporterai quand je reviendrai. Pour le casque de Prussien, cela n'est pas sĂ»r. Ce n'est pas mainÂtenant le moment d'aller les dĂ©coiffer. Il fait trop froid, ils pourraient attraper la grippe. Et puis, mon pauvre Maurice, il faut rĂ©flĂ©chir que les Prussiens sont comme nous. Vois-tu qu'un garçon prussien Ă©crive Ă son père la mĂŞme chose que toi et qu'il lui demande un kĂ©pi de Français, et si ce papa prussien rapportait un kĂ©pi de Français Ă son petit garçon et que ce kĂ©pi fut celui de ton papa ? Qu'est ce que tu en penses ? Tu conserveras ma lettre et tu la liras plys tard quand tu seras grand. Tu comprendras mieux. A la place du casque de Prussien, je vais t'envoyer Ă toi, Ă Raymond, maman peut les receÂvoir aussi, des petites fleurs de primevères que les petits enfants garçons et filles du pays oĂą je suis cueillaient autrefois et qui faisaient leur joie, et que moi, le grand enfant, j'ai cueilli cette annĂ©e dans leur jardin pour te les envoyer. Je ne les vole pas, elles se perdraient tout de mĂŞme. Je vous les envoie pour que vous pensiez un peu Ă leur malheur de n'ĂŞtre plus dans leur maison. Je vois, je mets mĂŞme mes ustensiles de cuisine sur un petit dodo de ces petits enfants. Il y en a lĂ deux, mĂŞme que je ne peux voir sans penser Ă vous et les larmes aux yeux me disent que vous ĂŞtes tout de mĂŞme heureux par rapÂport aux autres... Suippes Marne, le 26 aoĂ»t 1914 Vaillagou Martin Ă ses deux fils Maurice et Raymond Mes chers petits, Du champ de dĂ©vastation oĂą nous sommes, je vous envoie ce bout de papier avec quelques lignes que vous ne pouvez encore comprendre. Lorsque je serai revenu, je vous en expliquerai la signification. Mais si le hasard voulait que nous ne puissions les voir ensemble, vous conserverez ce bout de papier comme une prĂ©cieuse relique; vous obĂ©irez et vous soulagerez de tous vos efforts votre maman pour qu'elle puisse vous Ă©lever et vous instruire jusqu'Ă ce que vous puissiez vous instruire vous-mĂŞme pour comprendre ce que j'Ă©cris sur ce bout de papier. Vous travaillerez toujours Ă faire l'impossible pour maintenir la paix et Ă©viter Ă tout prix cette horrible chose qu'est la guerre. Ah ! la guerre quelle horreur!... villages incendiĂ©s, animaux pĂ©rissant dans les flammes. Etres humains dĂ©chiquetĂ©s par la mitraille tout cela est horrible. Jusqu'Ă prĂ©sent les hommes n'ont appris qu'Ă dĂ©truire ce qu'ils avaient créé et Ă se dĂ©chirer mutuelleÂment. Travaillez, vous, mes enfants avec acharnement Ă crĂ©er la prospĂ©ritĂ© et la fraternitĂ© de l'univers. Je compte sur vous et vous dis au revoir probablement sans tarder. Votre père qui du front de bataille vous embrasse avec effusion,
Sur un sol nauséabond Je t’écris ces quelques mots Je vais bien, ne t’en fais pas Il me tarde, le repos. Le soleil toujours se lève Mais jamais je ne le vois Le noir habite mes rêves Mais je vais bien, ne t’en fais pas… Les étoiles ne brillent plus Elles ont filé au coin d’une rue, Le vent qui était mon ami Aujourd’hui, je le maudis. Mais je vais bien, ne t’en fais pas… Le sang coule sur ma joue Une larme de nous Il fait si froid sur ce sol Je suis seul, je décolle. Mais je vais bien, ne t’en fais pas… Mes paupières se font lourdes Le marchand de sable va passer Et mes oreilles sont sourdes Je tire un trait sur le passé. Mais je vais bien, ne t’en fais pas… Sur un sol nauséabond J’ai écrit ces quelques mots Je sais qu’ils te parviendront Pour t’annoncer mon repos. Je suis bien, ne t’en fais pas … Sandrine Davin
50 km seulement séparent la place Saint-Aubin, à Toulouse, de la mairie de Cintegabelle, à la lisière de l’Ariège. Manon Hoarau a pourtant mis un peu plus de deux ans à les parcourir, pour rendre les lettres de Joseph Avignon à son petit-neveu, qui ignorait jusqu’alors l’existence de ce Poilu, mort pour la France des suites de ses blessures à l’hôpital de Sainte-Menehould Marne, le 28 janvier histoire émouvante et à rebondissements, la jeune femme de 24 ans la raconte dans un superbe documentaire d’un peu plus de 20 minutes, disponible sur YouTube et réalisé avec le vidéaste Sylartichot. A l’origine de l’aventure, donc, quelque 110 lettres datant de la Première Guerre mondiale récupérées par l’actuelle médiatrice culturelle à Paris, alors étudiante à Toulouse, auprès d’un brocanteur qui venait de vider une maison. Cela m’a pris des semaines pour les trier et les remettre dans l’ordre chronologique », explique-t-elle. Manon Hoarau fait alors la rencontre de Joseph Avignon, cultivateur né à Gaillac-Toulza avant d’aller vivre à Lagardelle-sur-Lèze, au sud de Toulouse, de sa femme Maria et de leur petite Valentine. Si elle découvre vite, via son carnet militaire disponible sur Internet, que le Haut-Garonnais n’est jamais revenu du front, elle finit par remiser son rêve de retrouver une descendante à qui remettre ses lettres. Rencontre décisiveSeulement assoupi, l’espoir s’éveille de nouveau cet été, après la rencontre avec Sylartichot. Il m’a dit que c’était une histoire incroyable, qu’il fallait impliquer sa communauté [ abonnés sur YouTube] et lancer une bouteille à la mer sur Twitter. » Chose faite le 20 septembre. En moins d’une semaine, on avait retrouvé un descendant, en deux semaines, on le rencontrait à la mairie de Cintegabelle et en un mois et demi, on finalisait le documentaire. »Car la petite histoire dans l’Histoire méritait d’être contée, et les contributeurs qui ont mené à cet épilogue, tel le twittos Tadoukoz, d’être y a deux ans dans un vide-grenier j'ai trouvé dans une grande valise une série de lettres envoyées pas un soldat de la première Guerre Mondiale à sa femme. Il lui raconte ses longues journées de marche les heures d'attente dans les tranchées et les terrifiants moments d'assaut Manon Hoa ManonHoa September 20, 2019 Après avoir exploré la piste Valentine, dont la fille et donc petite-fille du Poilu mourra sans enfant, fureté en vain du côté de Pierre, le fantasque frère de Joseph, l’enquête aboutira à Alain Boutet, retraité de Cintegabelle et petit-fils de Maria, la demi-sœur du héros du documentaire à ne pas confondre avec sa femme, dont sa grand-mère ne lui avait jamais parlé… Joseph m’a touché, car il avait une personnalité très forte, reprend Manon Hoarau. Au fur et à mesure de ses lettres, j’ai eu l’impression d’apprendre à le connaître. Il a une vraie force de narration, comme lorsqu’il raconte les assauts. Dans les premières lettres, il protège énormément sa famille. Et puis, il y a un point de bascule… »Au fur et à mesure que le temps avance, que le conflit s’enlise, que les hommes tombent autour de lui, le cultivateur du Sud-Ouest ne se soucie plus des apparences, ni de la censure. Il raconte, souvent crûment, les horreurs de la guerre, les corps déchirés par les obus, l’ennemi qu’on ne hait pas mais qu’il faut tuer pour ne pas qu’il vous tue. Il y a des lettres avec de la terre dessus, des marques, très dures à déchiffrer. »Joseph Avignon, né à Gaillac-Toulza, a ensuite vécu à Lagardelle-sur-Lèze. Son petit-neveu habite à Cintegabelle. - Maps4NewsDésormais, la jeune femme et son compère vidéaste vont mettre en ligne le courrier brut, avec ses taches et ses fautes d’orthographe. Après lui avoir échappé tant de fois, Joseph Avignon a été rattrapé par la mort, à quelques semaines de ses 28 ans. Comme près de dix millions d’autres soldats de la Grande Guerre, tous pays confondus.
lettre d un poilu Ă sa femme